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Mickaël Perre

Doctorant en Philosophie. Université Toulouse Jean-Jaurès, laboratoire ERRAPHIS.

 

micka.perre@yahoo.fr

 

 

Sa thèse porte sur le thème : Au milieu de Spinoza : Deleuze et la lecture comme expérimentation.

 

Résumé :
L’intérêt que Deleuze porte à Spinoza ne relève pas simplement d’un attachement émotionnel ou  affectif, souvent rappelé par Deleuze lui-même à l’occasion d’entretiens, mais s’explique surtout par une nécessité logique : Deleuze a besoin de Spinoza pour penser. On peut évaluer la force de cette  nécessité en la rapportant aux problèmes essentiels qui la font naître. Ces problèmes renvoient aux domaines de l’ontologie, de la physique et de l’éthique. 1. Comment maintenir l’immanence « jusqu’au bout » ? 2. Comment ouvrir dans le corps, compris comme multiplicité physique, de nouvelles dimensions perceptives ? 3. Comment sélectionner les devenirs favorables qui augmentent notre puissance et font naître de nouvelles possibilités de vie ? C’est à la fois avec et par-delà Spinoza que Deleuze entend résoudre ces problèmes : 1. en remaniant les principes de l’ontologique spinozienne (substance, attributs, modes) afin de poser les conditions d’une immanence véritable ; 2. en poursuivant l’étonnement de Spinoza sur les puissances du corps à travers la pensée du « corps sans organes » ; 3. en repensant l’éthique comme une éthologie ou comme une clinique des devenirs.
Pour explorer les potentialités de cette philosophie, Deleuze élabore une nouvelle pratique de la lecture. La formule qu’on trouve dans « Spinoza et nous » (« essayer de percevoir et de comprendre Spinoza par le milieu ») semble à elle seule résumer le projet de lecture deleuzien et peut être comprise de multiples manières. On peut d’abord y voir une déclaration d’immanence (penser en Spinoza, dans l’élément d’un certain spinozisme). Mais prendre Spinoza « par le milieu » consiste aussi à lire Spinoza « par le dehors », c’est-à-dire par le milieu qui le sépare d’autres pensées. De ce point de vue, la lecture se conçoit pratiquement comme une opération de capture ou de connexion puisqu’elle consiste à créer des zones de voisinage entre auteurs et entre idées (que se passe-t-il entre Spinoza et Nietzsche ? Spinoza et Beckett ? Spinoza et Uexküll ? ...) ou à brancher une philosophie sur des domaines qui lui sont a priori étrangers (littérature, psychanalyse, éthologie…). Enfin, l’expression « par le milieu » rend également compte de la nécessité d’adopter une approche dynamique ou intensive apte à rendre compte des devenirs ou des vitesses qui affectent une pensée (une pensée en devenir est toujours au milieu d’elle-même).
En réaction à l’interprétation qui réduit la lecture au recueillement d’un sens supposé caché et limite ainsi les usages du texte, Deleuze conçoit donc la lecture comme une expérimentation créatrice de nouvelles possibilités de pensée.

 

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