Arum Lee
Doctorante en Philosophie. Université Toulouse Jean-Jaurès, laboratoire ERRAPHIS.
Sa thèse porte sur Bergson et Deleuze : Deux métaphysiques de l'Immanence au nom de la Vie.
Résumé de la thèse :
Il reste encore une nécessité de présenter un problème philosophique par une vieille terminologie, « l'immanence ». Il s'agit de soutenir une conception de l'immanence qui relève de la totalité du monde sans l'arrière-monde. C'est l'immanence qui n'appartient ni à un substantiel, ni à un sujet constituant. C'est un Tout illimité et ouvert. Cette conception deleuzienne de l'immanence ne s'oppose plus à une assertion directe pour l'entité transcendante, mais une autre conception de l'immanence qui ne renvoie qu'à l'univers de l'homme, ancré à un centre. Au moment où l'immanence dative, notamment à une conscience pure se heurte à la limite auto-réfléchie, pour ainsi dire, au solipsisme, la transcendance s'introduit, par exemple, pour la conversion éthique. Nous tentons de soutenir une métaphysique de l'Immanence à l'opposé de l'immanence qui se délimite dans l'expérience humaine, de la transcendance qui s'introduit pour la dépasser. Par-là, nous voulons placer l'expérience humaine dans un plan de l'Immanence, en considérer finalement une portée éthique sans l'évasion vers la transcendance.
Notre hypothèse pour aborder à cette tentative est que le bergsonisme selon Deleuze remarque un moment crucial qui renverse l'Eidétique, la Critique et la Phénoménologie, qu'il contribue à figurer une nouvelle métaphysique de l'Immanence. D'abord, le bergsonisme fait « une grande contribution incomparable pour la philosophie de la différence », pour l'affirmation ontologique qui porte sur le devenir, la genèse et la production qui s'affronte à celle de l'Eidétique. Ensuite, il est le projet « de rejoindre les choses en rompant avec les philosophies critiques ». Finalement, le bergsonisme représente « une rupture avec toute la tradition philosophique, qui mettait plutôt la lumière du côté de l'esprit », qui se prolongeait dans la phénoménologie dont la lumière consiste dans l'intentionnalité. En ce sens, nous estimons que le rapport du bergsonisme à la pensée deleuzienne ne se trouve pas simplement dans une réception delezienne d'un certain concept majeur, par exemple, « le virtuel ». Mais, en revanche, nous proposons entre deux penseurs une élaboration d'un courant philosophique, lequel consiste à montrer que la pensée métaphysique est encore possible après la Critique par la réflexion de la condition réelle de l'expérience, que le contenu du métaphysique relève du devenir et de sa production génétique, devenir qui est censé être non-être à l''Eidétique, devenir qui ne se réduit pas aux concepts, représentations et unités identiques. Ce courant philosophique peut se définir comme « la métaphysique de l’Immanence au nom de la Vie » en affirmant que la totalité métaphysique construit l'univers immanent à lui-même, la plénitude de l'être, le plan de l'Immanence, mais celui qui n'appartient pas à un tout, puisqu'elle implique une puissance interne de se différer, se générer, de sorte qu'elle est une Vie illimité et ouverte. Dans ce plan de l’Immanence de la vie, l'expérience humaine ne s'isole pas seulement dans un plan constitué et ancré à un centre phénoménologique, mais se déroule dans la totalité où tous les êtres se communiquent.
Nous dégageons ainsi de cette hypothèse trois axes de l'étude : 1° L'élaboration d'une nouvelle logique de la métaphysique ; 2° Le développement de l'ontogenèse de la vie ; 3° L'expérience envisagée dans un plan de l'Immanence. Nous analysons des arguments de deux penseurs relatifs à ces trois sujets qui nous conduisent à figurer une nouvelle métaphysique de l’immanence de la vie. Ensuite, nous essayons de savoir, dans un même courant, en ce qui consiste la singularité de deux métaphysiques autour du bergsonisme de Deleuze. Finalement, nous nous en demandons une signification d'une vie dans une Vie en tant qu'un devenir dans un Devenir, dans l'Immanence sans la nécessité de l'appel du recours à la transcendance.
L'axe de l'étude
1° L'élaboration d'une nouvelle logique de la métaphysique
- L'analyse de deux manières à dépasser le relativisme de la connaissance au kantisme selon Bergson et Deleuze.
- L'analyse des arguments de la possibilité de la pensée métaphysique qui consiste à passer de l'anthropologique à l'ontologique, c'est-à-dire, à penser de l'être à partir de l'expérience, de l'absolu par une considération de la condition réelle de l'expérience humaine, de l'illimité à travers du limité.
- Bergson, « l'expérience intégrale », la remontée du tournant de l'expérience humaine pour chercher sa source.
- Deleuze, la logique de « l'empirisme supérieur » à travers de la reconsidération de la condition de l'expérience du possible au réel.
2° Le développement de l'ontogenèse de la vie
- Le mouvement de la vie en tant que la création de la forme du vivant, la différenciation de la virtualité de la vie envers la matière dans l'Evolution créatrice de Bergson
- La structure dynamique de la genèse de l'idée et du sensible dans Différence et répétition de Deleuze
- Construction d'un plan de l'Immanence (une durée cosmologique, une immanence d'une vie)
- Le caractère de l'affirmation métaphysique sous le rapport de la pensée à l'être (La coextensivité de la vie à l'intuition chez Bergson - Deux faces de la métaphysique, Nous et Physis chez Deleuze)
3° L'expérience envisagée dans un plan de l'Immanence
- pluralisme = monisme, « un » plan d'immanence où se communiquent « toutes les êtres plurielles aux différentes échelles »
- une manière singulière d'être pour l'expérience humaine dans un plan de l'Immanence (La création de soi par soi, L’individuation du psychique...)